L’interaction sociale est un besoin humain qu’il est aisé de négliger. Pourtant, l’isolement peut avoir des effets néfastes sur notre santé. Dans ce dossier, on décrypte comment l’interaction joue sur nos humeurs et notre corps, et pourquoi nous sommes avant tout des êtres sociaux.
« L’enfer, c’est les autres », disait Sartre. Si cette maxime a une valeur philosophique, elle ne reflète cependant pas l’aspect social des êtres humains. Dès les débuts de l’humanité, l’homme a en effet basé sa survie sur un élément essentiel : la coopération.
Il y a 52 millions d’années, les ancêtres des humains se sont rendus compte qu’ils fonctionnaient mieux en larges groupes. Il est en effet plus facile de se protéger à plusieurs, et le partage d’outils permet un gain de temps et de ressources précieux. Au sein du règne animal, l’être humain manque de défenses naturelles : nous n’avons pas de pelage ni de dents acérées. C’est pourquoi l’interaction est devenue un fortifiant et un atout naturel pour les premiers hommes.
Nos cerveaux se sont adaptés, grâce à des neurones miroirs. Ces derniers nous permettent de comprendre et ressentir les émotions des autres, afin d’exister en harmonie avec eux. La sociabilité n’est ainsi pas un choix pour les êtres humains, mais une nécessité biologique — même pour les plus misanthropes d’entre nous !
Il n’y a en effet qu’à voir les effets de l’interaction sociale sur la santé pour s’en convaincre. D’un point de vue psychologique, communiquer avec les autres permet de booster notre estime de nous, de mieux comprendre nos émotions et celles des autres, en bref de connaître un bien-être plus intense. Des études récentes ont ainsi dégagé des facteurs globaux de bonheur personnel. Les trois plus importants sont basés sur l’interaction sociale : il s’agit de la confiance qu’on peut avoir en l’autre, la tolérance pour autrui, et le sens de communauté).
Et cela va au-delà de notre cerveau. Une étude de l’Université de Newcastle concluait ces dernières années que les interactions sociales nous permettaient de nous protéger de certains risques cardiaques et de diminuer la survenue d’accidents vasculaires cérébraux. Par ailleurs, une étude du Journal de Gérontologie rapportait que les personnes âgées qui ont régulièrement des interactions sociales avaient 40 % moins de risque de développer une démence. L’interaction sociale peut donc nous permettre d’éviter les maladies physiques.
De manière moins tangible, l’interaction sociale permet aussi d’asseoir son identité. En trouvant des personnes qui nous ressemblent, nous avons un meilleur sens de qui nous sommes. C’est pourquoi les réseaux sociaux ont si bien fonctionné : nous avons recréé en numérique des habitudes que nous avons dans la vie réelle.
Comment nos habitudes sont en train de muter
C’est pour cela que de plus en plus d’industries sont en train d’intégrer des outils d’interaction à leurs services. Le marketing cherche en effet à recréer cet effet de groupe. Une application de sport comme Strava ne vous permet ainsi plus simplement d’enregistrer vos sessions de course à pied ou VTT… Elle vous permet de comparer vos entraînements avec vos amis, ou d’entrer en compétition avec des inconnus sur des parcours choisis.
Dans le secteur du streaming, les options d’interaction sont également de plus en plus étoffées. Récemment, Netflix a introduit l’option « Teleparty », qui permet aux utilisateurs de regarder une série ou un film en même temps que leur famille ou amis, et de commenter en direct ce qu’ils visionnent grâce à un chat.
Cette tendance se retrouve aussi dans d’autres secteurs, comme celui des jeux en ligne. Il est maintenant courant de se connecter à un jeu vidéo tout en parlant avec ses amis sur Twitch. Cela se retrouve aussi dans l’iGaming. Un live casino peut proposer des options « live » pour que les joueurs aient face à eux un vrai croupier en direct, qui distribuera les mains de blackjack ou fera tourner la roue de la roulette. Le streaming haute définition permet ainsi d’être au cœur de l’action, et de recréer l’ambiance d’une salle de jeu.
Ces quelques exemples montrent que les industries qui se basent sur notre nature parviennent plus facilement à capter notre attention, et à créer des groupes de consommateurs. C’est pourquoi des rôles comme les « Community managers » ont explosé au cours de la décennie qui vient de s’achever.
Retour vers le futur ?
On a beaucoup commenté l’aspect isolant de la vie moderne. Les humains vivent maintenant plus souvent seuls, et les noyaux familiaux ne sont plus aussi soudés qu’avant. Dans les économies majeures, vivre seul ou en couple est devenu la norme, là où l’on existait autrefois en tribu ou en village. Il est donc intéressant de voir qu’après avoir créé des technologies « isolationnistes », la tendance est en train de se renverser.
L’être humain réapprend qu’il est social, et il crée pour cela de nouveaux outils, puisque c’est ce qu’il fait de mieux. Reste à voir si les options d’interaction sociale numérique auront les mêmes effets que les rencontres « en vrai », sur le long terme…
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